Bologne et le cardinal legat Bertrand Du Pouget. Le refus d'un grand projet

Abstract

Entre la fin du XIIIe et le début du XIVe siècle, la décadence de la ville de Bologne fut accentuée par divers facteurs internes et externes. À cette instabilité s’ajouta la difficulté de la ville à contrôler les territoires les plus reculés. Les stratégies de la papauté d’ Avignon et de ses cardinaux légats envoyés en Italie comme gouverneurs ne firent qu’augmenter le désordre qui s’était créé. La défaite contre Modène à Zappolino en 1325 et le siège qui lui succéda obligèrent la communauté bolognaise à faire appel à ses dernières ressources pour parvenir à un retour à la normalité. C’est dans ce contexte que les autorités bolognaises décidèrent de faire confiance au cardinal légat Bertrand du Pouget qui devint seigneur de la ville le 5 février 1327, faisant preuve d’efficacité face aux problèmes les plus urgents. Sa double charge de seigneur de la ville et de légat le conduisit pourtant à adopter des choix en faveur de l’Église, au détriment des intérêts et des alliances traditionnelles des citoyens bolognais. La construction, à partir de 1330, d’une forteresse près de la Porte Galliera, où il établit sa résidence, accentua la méfiance de la population à son égard. Finalement, en 1334, le mécontentement provoqué par sa politique aboutit à une révolte populaire au cours de laquelle il fut chassé de Bologne et son château pillé et détruit. Cet article retrace les principales étapes de l’action politique qui menèrent Bertrand du Pouget en Italie pour combattre le gibelinisme et reconstruire l’État de l’Église, en déplaçant sa capitale à Bologne.